Motivation (partie 1)

La motivation expliquée par Olivier Alluin, préparateur mental et partenaire et du nouveau sport d’E-Road Racing. Même la course de vélo à assistance électrique ça se prépare ! Et avant tout, on se motive !

La motivation, c’est quoi ?

Pour définir la motivation il faut s’intéresser à l’étymologie de ce mot. En latin « motivus » et « movere » signifiaient « mobile » et « mouvoir ». La motivation c’est donc « ce qui met en mouvement ». La motivation peut être associée à notre premier pas vers l’action. Le second pas peut être représenté par « les objectifs », une notion que j’approfondirai dans un prochain article.
Première conclusion : sans motivation, nous ne bougeons pas, nous n’avançons pas.La thématique de la motivation, en sport mais aussi dans la vie en général, pose donc la question :
« POUR QUOI j’avance ? », « POUR QUOI je me lance dans ce projet, ce défi, ce challenge ? »

Olivier Alluin teste l’E-xelius de Lapierre à Aix-les-Bains lors de l’événement BeFit 2019

Donner du sens

Il est primordial de donner du sens à ce que vous faites en rendant vos actions en accord avec vos valeurs. Le but est de trouver une raison valable qui vous corresponde, celle qui vous permet de mesurer concrètement le bénéfice à long terme de vos efforts à court terme.
En résumé pour être motivé dans une tâche il faut que vos objectifs vous inspirent, qu’ils aient une importance particulière pour vous.

Plusieurs types de motivation

La « motivation » est en fait une thématique générale révélant plusieurs types de motivations différentes. Pour faire simple nous pouvons en présenter les deux formes principales :
Les motivations extrinsèques correspondent à un engagement non pas pour l’activité elle-même mais pour ses conséquences. Le but est alors d’obtenir quelque chose de positif ou d’éviter quelque chose de négatif :

  • Les récompenses : médailles, gains financiers…
  • La peur de la sanction : pratiquer pour faire plaisir à ses parents, pour ne pas mettre l’entraîneur en colère…
  • L’acceptation sociale : essayer d’obtenir l’admiration des autres…

Les motivations intrinsèques, elles, représentent les raisons personnelles propres à l’individu :

  • La stimulation : les sensations agréables que procure l’activité (vitesse, fluidité, maîtrise, efforts…), le fait de se détendre ou de se dépenser grâce à la séance sportive.
  • La connaissance : le fait d’apprendre, de maîtriser des techniques ou de progresser dans la maîtrise de ces techniques.
  • L’accomplissement : la satisfaction de repousser ses limites, d’atteindre ses objectifs personnels

Les études et les travaux empiriques montrent que la motivation intrinsèque est plus stable et plus durable. Un sportif uniquement motivé de façon extrinsèque est souvent moins persévérant. La motivation intrinsèque est à privilégier pour atteindre la performance sportive mais aussi préserver le bien-être de l’athlète (meilleure gestion du stress et des émotions…)
Toutefois, nos actes sont généralement motivés de différentes façons. Par exemple, un sportif peut éprouver du plaisir à s’entraîner et à progresser (motivation intrinsèque) mais être également intéressé par les récompenses qu’il pourrait recevoir en étant vainqueur (motivation extrinsèque).
Les différents types de motivations permettent d’associer l’aspect « compétitif » (extrinsèque) et l’aspect « développement » (intrinsèque) pour permettre au sportif de rester impliquer à long terme.

Comment faire pour se motiver ?

Pour renforcer la motivation intrinsèque il faut avant tout privilégier le plaisir dans la tâche et cela se travaille concrètement.
En effet, le plaisir est quasiment toujours présent lorsque l’on débute un sport, mais la pratique quotidienne et la recherche de résultat relèguent parfois le plaisir au second plan. Une période difficile commence alors quand le rêve d’enfant se matérialise et que le désir de devenir champion se transforme en objectifs construit et raisonné.
La conscience du projet et des enjeux qui en résultent font disparaître le jeu et le plaisir présent initialement au profit de l’effort, la persévérance, la combativité. Progressivement, la performance n’est plus synonyme d’accomplissement pour le sportif mais plutôt comme un soulagement : la récompense devient une fin légitime attendue aux efforts fournis et la perte de sens du projet sportif peut déséquilibrer la suite de la carrière. La performance devient une fin en soi, elle est le sens : performer pour performer.
Il est important de se rappeler nos premières motivations intrinsèques, celles qui nous ont amené à pratiquer au début ou à continuer par la suite avant la notion de performance.
Il est ensuite possible d’agir sur les trois leviers suivants pour améliorer la motivation intrinsèque :

  • sentiment de compétence : atteindre les objectifs que l’on s’est fixé, se sentir en réussite…
  • autonomie : se sentir acteur et décideur de ses actions…
  • être reconnu socialement : appartenir à un groupe d’entraînement, obtenir des retours de son entraîneur…

Les techniques pour rester motivé ?

Afin de remettre la notion de plaisir au centre de la pratique, il est possible de :

  • Varier les situations d’entraînement (lieu, contexte, contenu, matériel, techniques, contraintes différentes, coéquipiers différents…)
  • Se fixer des objectifs à très court terme sous forme de challenge et défi personnel (ou avec coéquipiers)
  • « Casser la routine » en décontextualisant totalement (soirée OFF avec partenaires et entraîneur à la place de la séance : bowling, billard, autres activités de loisirs…)

En clair, privilégier le plaisir plutôt que le résultat c’est faire en sorte que le sportif JOUE à nouveau au lieu de s’ENTRAINER.

Développer le sentiment de compétence

La plupart des sportifs mesure leur compétence en se comparant à leurs adversaires. Or, pour favoriser une motivation intrinsèque il faut surtout prendre conscience de ses propres progrès.
En pratique : Debrieffer vos entraînements et compétitions avec la technique du hamburger :

  • 2 points positifs spécifiques
  • 1 ou 2 points à améliorer formulés positivement et indiquant l’action à effectuer pour progresser
  • 1 point positif général

Reproduire ce type de débrief’ à la fin de chaque cycle d’entraînement et à la fin de chaque saison.
Remplir un carnet d’entraînement pour évaluer vos progrès au fil des jours.

Renforcer le sentiment d’autonomie

La motivation intrinsèque sera d’autant plus élevée si le sportif s’approprie et s’identifie son projet de performance. Pour s’impliquer totalement il faut qu’il puisse lui donner du sens personnellement et se sentir maître de sa propre réussite.
En pratique :
Définir les objectifs de manière horizontale, c’est-à-dire AVEC le sportif et non pas lui imposer son choix de manière descendante.
Permettre à l’athlète de mieux se connaître en tant que pratiquant en favorisant :

  • les auto-feedback (retours personnels sur ses sensations etc) avant de faire le debrief,
  • le questionnement et la recherche de réponses de son côté avant de lui donner certaines pistes,
  • l’utilisation de la vidéo pour les corrections techniques par exemple
    Proposer au joueur de construire lui-même certaines séances durant la saison (objectifs, contenus, matériel…)

Encourager le licencié à s’impliquer dans le club en ayant d’autres responsabilités en parallèle de sa pratique (encadrement…)

Accroître la reconnaissance sociale

Un sportif n’est pas motivé naturellement, il faut lui permettre de développer sa motivation intrinsèque, notamment en lui accordant une place privilégié au sein du groupe d’entraînement. L’individualisation de l’entraînement ne doit pas se limiter aux critères techniques mais doit aussi être une attitude dans sa manière de communiquer avec chaque athlète.
En pratique :

  • Pour se sentir important et reconnu en tant qu’individu à part entière, il est intéressant d’attribuer un rôle à chaque sportif. Comme précédemment, il ne suffit pas de lui imposer un rôle mais bel et bien d’échanger avec lui sur ce qui conviendra le mieux à vos besoins en tant qu’entraîneur et ses attentes en tant que sportif.
  • Prendre le temps de lui faire des retours (feedback et débrieffing) constructif, et cela régulièrement.
  • Favoriser certains échanges informels avant ou après les entraînements ou compétition pour créer une relation de confiance au-delà de la pratique.

Il y a bien évidemment d’autres techniques pour développer votre motivation intrinsèque mais je vous conseille de vous rapprocher d’un préparateur mental pour vous accompagner au mieux dans cette démarche.

Bibliographie :
« Psychologie du sport » (Richard H. Cox, 2005)
« Devenir Champion » (Cédric Quignon-Fleuret, 2016)
« Psychologie sociale du sport » (S. Jowett, D. Lavallee, 2008)
« Introduction à la psychologie de la motivation » (RJ. Vallerand, EE. Thill, 1993)

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